Comment témoigner ?

J’ai ajouté il y a peu sur ce blog, une page qui regroupe plusieurs liens internet parlant de l’infirmité motrice cérébrale, la cause de mon handicap…. Depuis (et même avant mais là le texte prend forme) j’hésite à poster un texte. Mon but est d’y montrer mon vécu, mon expérience de ce handicap, différent de ce qu’on lit la plupart du temps parce que j’ai une forme assez légère… elle est souvent écartée, sous-estimée, peu évoquée… Comme si   sa légèreté la rendait plus négligeable … J’ai donc envie de témoigner pour dire que ça existe, pour que si un jour une autre personne a la même impression d’isolement que moi, elle se sente moins seule….

Mais j’hésite, parce que je sais que ça va montrer toutes ces contradictions, que je n’arrive pas à éviter mais que je n’aime pas : j’aimerais être reconnue comme personne handicapée mais je veux être normale, faire comme tout le monde, ne pas avoir besoin d’aide, faire aussi bien que tout le monde… Je veux être reconnue comme étant en situation de handicap mais je ne veux pas être plainte, je ne veux pas ME PLAINDRE : JE SUIS HEUREUSE COMME JE SUIS ! Et pourtant je sais que ce texte ressemble à une plainte … pourquoi un tel besoin de reconnaissance ? alors que je suis heureuse et que j’ai ce qui me tient le plus à cœur : l’autonomie ! Pourquoi ? je ne sais pas … depuis que j’ai ces déboires avec la MDPH cette question de reconnaissance, qui m’avait obsédée pendant tout le collège, revient en force … et je n’ai toujours aucune réponse.

Je veux être reconnue comme ayant un handicap, et pourtant les paroles qui m’ont le plus marquée (positivement) sont celles de 2 personnes qui m’ont dit (avec des années, des km et une profession les séparant) que j’étais NORMALE ! oui mais … il y a tout le contexte derrière… En me disant ça, toutes les 2, elles voulaient souligner que j’avais raison de me battre pour avoir mon autonomie et que je pouvais effectivement faire aussi bien que tout le monde… elles ne niaient absolument pas l’existence de mon handicap mais savaient que j’étais capable de le dépasser… ce qui est radicalement différent … mais ça n’explique pas pourquoi ce besoin de reconnaissance…. Pourquoi je ne peux pas me satisfaire de le savoir moi, et puis voilà ?

Voilà … encore une fois mettre les idées par écrit m’a bien fait réfléchir, je sais ce que je vais faire ! (je remarque encore une fois touts les de l’écriture… c’est vraiment formidable ! :) )

J’ai donc dans mes brouillons un texte qui raconte les difficultés que je rencontre au quotidien… Texte que je ne publierais pas aujourd’hui, parce que mon but ici n’est pas de me plaindre, je préfère voir la vie en rose et donner des sourires…. 🙂

Alors, je vais reprendre ce texte par petits bouts et le transformer en quelque chose de plus joyeux … je ne sais pas comment mais maintenant que l’idée est là je vais y réfléchir ….

Le fait est qu’habituellement : soit j’en parle, et  je suis sérieuse et je bafouille, je cherche mes mots… Soit, et c’est beaucoup plus facile mais ça ne contente pas tout le monde (en particulier au collège) je n’en parle pas, et les autres m’acceptent comme je suis … Mais sur ce blog j’aimerais arriver à témoigner sans que ça ne soit mélodramatique, sérieux, tout ça, mais que ce soit clair … j’aimerais arriver à le tourner en dérision, ce que je n’ai jamais réussi auparavant

Bref, j’ai du pain sur la planche  ! 😀 Patience ça viendra… 😉

( Si en attendant vous avez des questions, n’hésitez pas, ça me donnera des idées de ce que je dois raconter … et puis il est toujours plus facile de répondre à une question extérieure et précise que d’ordonner tout le fatras d’idées intérieures …. 😉 )

8 réflexions sur “Comment témoigner ?

  1. Mais, justement, est-ce qu’en parler ne serait pas le moyen de faire devenir tout cela « normal » ? De casser le tabou qui s’est installé autour du handicap et des maladies en général ?
    Si tu arrives à en parler sans tomber dans le pathos et sans te poser en personne inférieure qu’il faut plaindre (ce que tu fais déjà très bien sur ton blog), je ne pense pas que cela soit le moins du monde mal ou négatif. C’est absolument normal que tu veux que l’on te reconnaisse en tant que personne entière et légitime : ton handicap fait partie de cette personne, c’est une particularité comme une autre, l’ignorer serait ignorer une partie de toi !

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  2. Tu fais déjà un part énorme de témoigner de ce que tu es. Il est important de se faire reconnaitre mais faut bien se dire qu’on ne se résume pas à notre handicap. Je dis notre, tu sais pourquoi!
    Je trouve que tu formules bien les choses et tu n’amènes pas les gens à t’apitoyer sur ton sort.
    J’ai pris conscience ces derniers années que j’ai malheureusement vécus avec des personnes vivant dans une « charité » très mal placé réduisant la personne à son handicap!
    Bref, notre handicap fait partie de notre identité mais on ne doit pas tout mettre sur notre handicap. Euh, tu me suis? 😉
    Tu es d’abord « Crevette de Mars » (je n’ai pas ton prénom) puis façonné par ton histoire, ton environnement et bien sur ton handicap. Ce qui est important, c’est de mettre chaque chose à sa juste place! Je me répète, je crois! Je me ferai mieux d’aller au lit. 😉
    Au plaisir de te lire et très bonne nuit à toi

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  3. Je pense que ton besoin de reconnaissance est légitime. Pour être là où tu en es aujourd’hui, il t’a fallu faire beaucoup plus d’efforts que la majorité des gens, certaines de tes actions quotidiennes te demandent plus d’efforts…mais ça ne se voit pas.
    Dans mon entourage on me dit parfois « ça va motiver Charlie à marcher ! » ou « tu vois tout arrive avec de la patience » et bien je réponds que non, tout ce qui est inné ou acquis par simple imitation ne le sera jamais pour elle, elle devra faire 100 fois un geste pour le maitriser, tout est acquis au prix de l’effort et je veux qu’on lui reconnaisse cette prouesse. Parce que ça fait d’elle, et de toi, des personnes extraordinaires.

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  4. J’ai deux amies, l’une française, l’autre américaine, toutes deux atteintes d’un handicap moteur empêchant la marche. Ce sont l’une et l’autre deux jeunes femmes resplendissantes et pleines de vie. Certes leur handicap complique de façon conséquente leur quotidien, mais elles ont appris, chacune selon son style et sa personnalité à compenser – et surcompenser ! – leurs obstacles en développant des qualités très personnelles et originales. Elles sont ingénieuses, astucieuses, remplies de ressources pour parvenir à ce qu’elles veulent. Naturellement, cette éclosion des possibles est le fruit d’une lente acquisition, mes deux amies sont passées par des périodes complexes et difficiles avant d’accepter pleinement leur handicap. Mais je crois, pour l’une comme pour l’autre, que leur force et leur épanouissement se fondent sur la certitude que leur invalidité n’a en rien empêché leur vocation profonde. Au contraire ! Elles sont parvenues chacune à réaliser toutes les aspirations de leur vie, au plan professionnel, vocationnel, et humain… tout en devenant de vivants témoins d’une joie qui interpelle. Un handicap, qu’il soit lourd ou léger, de par tout le chemin d’accueil et d’acceptation de soi qu’il implique, peut donner une armature, une maturité et une profondeur intérieures d’exception.

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